Christophe Hardiquest, icône de la cuisine bruxelloise
A Woluwe-Saint-Pierre, en matière de patrimoine, il n’y a pas que le Palais Stoclet. Par exemple, à l’autre bout de l’Avenue de Tervueren (si chère à Léopold II), il y a le restaurant de Christophe Hardiquest, le Menssa (avec deux « s » s’il vous plaît). En réalité, il s’agit ici d’un autre aspect du patrimoine bruxellois, à savoir la dimension immatérielle. Rappelons que dans l’inventaire du patrimoine immatériel de la Région de Bruxelles-Capitale, figurent notamment le chicon, le fritkot, la bière, le spéculoos et le chocolat. Bref, la cuisine est un élément important de la réputation de notre région à l’extérieur et tous les grands chefs concernés sont des ambassadeurs de Bruxelles : Yves Mattagne (Villa Lorraine), Lionel Rigolet (Comme Chez Soi), David Martin (La Paix), Karen Torosyan (Bozar) pour ne citer qu’eux. Et dans ce club très restreint, n’oublions pas Christophe Hardiquest (qui va fêter ses 50 ans cette année). Il mérite d’autant plus notre attention qu’il vient de prendre ses marques à la Rue Royale dans le superbe Corinthia Grand Hotel Astoria Brussels…
Christophe Hardiquest est né le 20 octobre 1975 à Waremme dans la Province de Liège. Il prend goût à la cuisine au contact de sa grand-mère flamande, originaire de Tongres. Il choisit d’apprendre le métier à l’école hôtelière provinciale de Namur. Après avoir débuté aux Etats-Unis, il arrive à Bruxelles où il travaille notamment avec Yves Mattagne dans le restaurant de l’Hôtel Radisson SAS. Il décroche ensuite sa première place de chef au Voyage à travers les sens de Véronique Toefaert. C’est à ce moment-là qu’il se fait connaître des Bruxellois. Il lance alors son premier Bon Bon en 2001. Deux ans plus tard, il intègre la Rue des Carmélites à Uccle. L’année suivante, il obtient sa première étoile Michelin. En 2011, après avoir été élu Chef de l’Année par le Gault&Millau, il installe Bon Bon au 453 de l’Avenue de Tervueren. Cette aventure durera plus d’une décennie durant laquelle il deviendra un des maîtres de la cuisine franco-belge. En 2022, à cause de la crise Covid, il ferme ses portes pour ouvrir Menssa quelques mois plus tard avec l’ambition de se rapprocher de ses convives, de se réinventer et de sortir de sa zone de confort. Tout en transmettant son savoir-faire artisanal aux générations futures dans un esprit de compagnonnage. Sans oublier bien sûr l’impact sur la planète. Pari réussi…
Mais il n’y a pas que l’Avenue de Tervueren et le Menssa dans la vie de Christophe Hardiquest. Il y a aussi la Rue Royale et le Petit Bon Bon. Ce nouvel espace marque le retour du chef à la cuisine de brasserie dans un esprit totalement décomplexé. Pas de chichi mais des produits bien de chez nous, réinventés par la créativité « hardiquestienne ». Pour respecter l’ADN de la cuisine bruxelloise, Christophe a même relu les chroniques de Gaston Clément. Comme l’architecte Francis Metzger lorsqu’il a restauré l’Hôtel Astoria, il a d’abord fait une recherche historique avant de mettre au goût du jour les grands classiques. Croquettes aux crevettes, anguilles et petits gris au vert, huîtres au gratin « Expo 58 », filet américain, vol-au-vent traditionnel, sole « Belle Meunière », autant de plats enracinés dans notre patrimoine et que notre « créateur culinaire » s’est plu à revisiter. En fait, le Petit Bon Bon, c’est la réinterprétation moderne de la cuisine belge traditionnelle. L’objectif est de rendre qualitative cette cuisine en faisant appel à des techniques soignées, même pour les frites et la mayonnaise. Pour exécuter fidèlement ses concepts, il a choisi la cheffe Andrea Mesa Citro, maintenant aux commandes de cette brasserie de haut vol. L’établissement, dont il a conçu la décoration, est chaleureux. Il s’agit d’un endroit convivial où les Bruxellois se sentent chez eux. Après plus de 30 années passées dans la capitale, Christophe Hardiquest est devenu un vrai Brusseleir. On compte sur lui pour faire rayonner Bruxelles dans le cadre du Bicentenaire de la Belgique…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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