Chronique n° 93 du 10 juin 2025

Walthère Frère-Orban (1812-1896) fut deux fois Premier Ministre de Léopold II… (copyright : Maison Frère-Orban)

Pour tout savoir sur la Maison Frère-Orban

Jusqu’au 15 juin 2025, l’association des Demeures Historiques et Jardins de Belgique propose au public de découvrir le patrimoine privé d’exception en Wallonie, à Bruxelles et en Flandre. Au travers de VESTALIA 2025, les propriétaires engagés ouvrent les portes de leurs châteaux, manoirs et maisons historiques. C’est ainsi qu’à Bruxelles, les amateurs ont pu visiter le superbe Hôtel Riez qui fait partie des trésors Art Déco de la capitale. Mais surtout, cette année, l’opération a révélé la Maison Frère-Orban, chef d’œuvre néoclassique du Quartier Royal, enfin ouverte au public…

Comme je vous l’ai déjà raconté, tout a commencé dans la nuit du 3 au 4 février 1731 lorsqu’un incendie détruisit complètement le fameux Palais du Coudenberg. Ce Palais des Ducs de Brabant et des Ducs de Bourgogne avait incarné pendant des siècles le prestige de Bruxelles, abritant ducs, archiducs, rois, empereurs ou gouverneurs. Cette catastrophe majeure obligea les Autrichiens à renouveler ce quartier essentiel à Bruxelles. Le Duc d’Ursel proposa donc à Charles de Lorraine, qui représentait l’Impératrice Marie-Thérèse en Belgique, de créer la Place Royale. Les travaux furent alors menés par le Français Gilles-Barnabé Guimard entre 1775 et 1781, aboutissant à la plus belle réalisation de la période autrichienne à Bruxelles.

De surcroît, cette place fut à l’origine du développement du Quartier Royal qui est le lien entre le haut et le bas de la ville. Et dans ce périmètre, s’il est une artère qui marque encore les esprits, c’est bien la Rue Ducale. Reliant la Rue de Louvain à la Place du Trône, en longeant le côté est du Parc de Bruxelles, la Rue Ducale porte ce nom depuis 1779 en souvenir de la Cour des Ducs de Brabant et des Ducs de Bourgogne. Et c’est dans cette rue qu’entre 1778 et 1780, plusieurs immeubles furent construits pour le compte de l’Abbaye de Dieleghem. Ces bâtiments furent occupés d’abord par des Suisses et des Anglais, ensuite par des familles aristocratiques belges. Aujourd’hui, la Rue Ducale accueille notamment le Cercle de la Warande, anciennement Hôtel Empain, construit par Guimard en 1780 ainsi que le Cabinet du Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, édifice construit en 1781 pour le Prince Rodoan de Mérode et la résidence du Premier Ministre, surnommée le Lambermont, due à l’architecte Philippe Carmon (1779). Sans oublier bien sûr le Palais des Académies…

Au numéro 23 de la Rue Ducale, il y a également la Maison Frère-Orban, construite en 1780 par l’architecte Laurent-Benoît Dewez (1731-1812), à qui on doit, entre autres, la reconstruction de l’Abbaye d’Orval et la création du Château de Seneffe. Cette demeure (inscrite à l’inventaire légal depuis le 19 août 2024) est donc un superbe exemple de l’architecture néoclassique du XVIIIe siècle. Elle fut la résidence de Walthère Frère-Orban (1812-1896), grand homme politique libéral qui fut deux fois le Premier Ministre de Léopold II, la première de 1868 à 1870 et la seconde de 1878 à 1884. Après le décès de Frère-Orban, la maison resta la propriété de ses descendants directs. C’est encore le cas à l’heure actuelle. Récemment restaurée avec soin, cette demeure particulière contient un certain nombre d’objets d’importance à la fois historique et artistique ainsi que des souvenirs de famille. Elle ouvre, depuis peu, ses portes à des événements exclusifs (www.maisonfrereorban.com). Si cela vous intéresse, veuillez appeler de la part des Trésors de Bruxelles Caroline Bosschaert…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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