Le Quartier des Arts salue la restauration de l’Hôtel Astoria
La semaine passée, dans le superbe cadre du Palais d’Egmont, en la présence du Ministre d’Etat Charles Picqué, l’Association du Quartier des Arts remettait son prix biennal. Cette fois-ci, cette récompense de haut niveau a salué la résurrection de l’Hôtel Astoria devenu Corinthia Grand Hotel Astoria Brussels. L’unique palace bruxellois était représenté ici par son Directeur Général, Nicolas Kipper, et par son grand architecte, Francis Metzger. Le Quartier des Arts a ainsi mis en valeur la qualité de la restauration de ce trésor de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce lieu chargé d’histoire a, en effet, retrouvé son lustre d’antan tout en répondant aux critères d’excellence d’un palace du XXIe siècle. Sans l’énorme investissement du groupe Corinthia et sans l’incroyable persévérance du cabinet MA2, cet immeuble iconique aurait disparu. Par les temps qui courent dans la capitale de l’Europe, cette rénovation tient presque du miracle…
A Bruxelles, les grands projets sont souvent partis de Léopold II. C’est le cas de l’Hôtel Astoria, situé dans le Quartier Royal, installé au numéro 103 de la Rue Royale. Il fut érigé à la demande du « Roi Bâtisseur » dans la perspective de l’Exposition Universelle de 1910. Le bâtiment, conçu par l’architecte Henri Van Dievoet (1869-1931), petit-neveu de Joseph Poelaert et ami de Victor Horta, fut achevé au cours de l’été 1910, soit quelques mois après le décès de Léopold II. Construit par la famille Mengelle-Devillers, il faisait partie des 3 hôtels les plus prestigieux de Bruxelles à la Belle Epoque, avec le Grand Hôtel du Boulevard Anspach (aujourd’hui détruit) et l’Hôtel Métropole de la Place de Brouckère. Apparemment inspiré par l’esprit parisien (qu’on retrouve notamment au Ritz), l’Hôtel Astoria impressionnait par son style « Beaux-Arts ». Grâce à sa renommée, l’établissement attirait de nombreux « people » dont Winston Churchill, le Shah d’Iran, Marguerite Yourcenar, Salvador Dali, James Joyce, Dwight Eisenhower, Gérard Philippe ou Maurice Chevalier…
En même temps, au fil des années, l’usure naturelle fit son œuvre, transformant l’hôtel. C’est ainsi qu’en 1947, afin de préserver son étanchéité, on remplaça la spectaculaire verrière par un simple toit plat. Ceci n’empêcha pas que, 53 ans plus tard, le 21 septembre 2000, la façade « Belle Epoque », le toit et une partie de l’intérieur de l’hôtel furent classés au patrimoine matériel de la Région de Bruxelles-Capitale. En 2007, l’Hôtel Astoria (dont la gestion avait été confiée par la famille Goossens-Bara-Devillers au Groupe Accor) ferma ses portes pour cause de remise à neuf. En 2008, le cheikh saoudien Mohammed El-Khereiji acheta l’hôtel dans l’idée de le réhabiliter. L’architecte Francis Metzger (du cabinet MA2) fut désigné à ce moment-là pour diriger les travaux de restauration. Mais 8 ans plus tard, l’Astoria fut racheté par le groupe maltais Corinthia Hotel. La rénovation fut poursuivie par les architectes de MA2. Et le 9 décembre 2024, après 17 années de fermeture, dont 5 de travaux, le Corinthia Grand Hotel Astoria Brussels put enfin ouvrir ses portes au public. La réouverture complète (avec les 126 chambres) devrait avoir lieu en octobre 2025, en la présence des plus hautes autorités du pays…
C’est donc Nicolas Kipper qui dirige l’unique palace bruxellois. Ce Strasbourgeois d’origine est parfaitement en phase avec la mentalité bruxelloise. Il faut dire qu’il y a de fortes similitudes entre les 2 capitales de l’Europe. En tout cas, notre sympathique Alsacien est bien conscient de ce que son grand hôtel doit contribuer au rayonnement de Bruxelles. Dans la perspective du bicentenaire de la Belgique, il s’agit d’un atout à ne pas négliger. Nul doute qu’avec le soutien de Francis Metzger, véritable « ketje de Bruxelles », il parviendra à trouver son chemin dans le labyrinthe bruxellois. C’est tout le mal qu’on lui souhaite…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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