Chronique n° 74 du 27 janvier 2025

Compagnon charpentier, Bruno Duheym est spécialisé dans les constructions en bois… (copyright : Bureau études Cambium)

Bruno Duheym, compagnon du patrimoine bruxellois

Les premières traces du compagnonnage dateraient du Moyen-Âge. Ce système permet à chaque aspirant compagnon de bénéficier de la formation à son métier grâce à la transmission par ses pairs des connaissances. En France, cette tradition ancestrale de partage des compétences est particulièrement développée dans le secteur de la construction. On l’a vu récemment lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris. En Belgique, malheureusement, cette pratique est beaucoup moins courante. Et pourtant, notamment à Bruxelles, la fédération belge de la construction s’attelle à mettre en valeur tous les savoir-faire. Sous la houlette de son président, Alexandre De Cesco, Embuild Brussels a lancé le réseau Brussels Heritage Network. Bruno Duheym, en tant que compagnon charpentier, participe à cette campagne de sensibilisation…

La légende raconte que la vocation de Bruno Duheym serait née au Château de Pierrefonds près de Compiègne dans l’Oise. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas ce château fort, rappelons que ses origines remontent à la fin du XIVe siècle. Signalons par ailleurs qu’en août 1832, le Roi Louis-Philippe y donna un banquet à l’occasion du mariage de sa fille Louise avec notre Roi Léopold Ier. Vingt-cinq ans plus tard, l’Empereur Napoléon III demanda au célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc de restaurer l’édifice. Et c’est en 1885 que les travaux de rénovation s’achevèrent. Pour en revenir à Bruno Duheym, une chose est sûre : il est parti en France sur les traces de Viollet-le-Duc pour se former au métier de charpentier. Aujourd’hui, à 40 ans, il s’occupe de deux sociétés entre Bruxelles et La Hulpe : l’une étant un bureau d’études pour les constructions en bois et l’autre étant une équipe de charpentiers intervenant sur site. Il est également administrateur de la fédération nationale de la construction…

Inutile de dire que Bruno Duheym est passionné par son métier. « Ma hantise est le départ à la retraite sans transmission du savoir-faire ni reprise d’activité. Cela provoque la disparition progressive des compétences. Comme, par exemple, celle des tailleurs de pierre. En d’autres termes, la formation aux métiers du patrimoine est vitale. Il s’agit notamment d’attirer les jeunes femmes. Globalement, il importe de revaloriser cette activité qui est autant manuelle qu’intellectuelle. Et de faire en sorte que le marché comprenne que le fait de recourir à des expertises reconnues implique un coût. D’où la nécessité de mettre en relation les acteurs locaux et ceux d’ailleurs. C’est pour cela qu’Embuild Brussels a décidé la création d’un réseau dédié au patrimoine bruxellois. Vu que la démolition tend à devenir l’exception, il faudra de plus en plus restaurer des bâtiments érigés selon des procédés anciens qui sont trop souvent oubliés ». Comme l’a fort opportunément rappelé Laurence de Hemptinne dans le dernier numéro de La Libre Immo, Ans Persoons, Secrétaire d’Etat en charge de l’Urbanisme, a inscrit une liste de plus de 40.000 immeubles (dont la plupart sont antérieurs à 1932) à l’inventaire du patrimoine immobilier de la Région de Bruxelles-Capitale Et dire que la plupart des propriétaires ne sont même pas au courant. C’est cela un gouvernement en affaires courantes…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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