Voyage au coeur de l’Art Blanc du patrimoine bruxellois
Comme vous le savez, à Bruxelles ou ailleurs, le patrimoine peut être matériel ou immatériel. Comme vous le savez, à Bruxelles ou ailleurs, le patrimoine peut être géré par des acteurs publics ou privés. Notamment, le secteur professionnel peut être très impliqué dans la gestion patrimoniale. C’est le cas du groupe Art Blanc dont toutes les activités sont liées à des lieux historiques, qu’il s’agisse de restaurants, de bars, de clubs, de salles événementielles. Et cela marche puisqu’on parle ici de 600 salariés et d’un CA de 35 millions d’euros pour 2025. Comment se développer tout en respectant la tradition…
De plus en plus de groupes s’étendent tout à la fois sur les plans HORECA et événementiel. On pourrait citer Lhoist, Litvine, Michiels ou Niels. Mais, à ma connaissance, aucun n’a développé le lien avec les aspects patrimoniaux autant que le groupe Art Blanc. Petit rappel : tout a commencé à Waterloo il y a 50 ans lorsque Thierry et Françoise Blanchart ouvrirent L’Amusoir au numéro 121 de la Chaussée de Bruxelles. A l’époque, il ne s’agissait que d’un bar. Très rapidement, en se transformant en restaurant, l’espace devint une véritable institution waterlootoise. Ensuite, c’est en 2019 que les deux fils de Thierry et Françoise, Jérôme et Jonathan en l’occurrence, fondèrent le groupe Art Blanc (quasiment l’anagramme de Blanchart).
Plus de 5 ans après sa création, on peut dire que le groupe Art Blanc est en pleine expansion. En réalité, les frères Blanchart sont toujours prêts à examiner tout projet pour autant qu’il s’inscrive dans leur stratégie de développement (dont le patrimoine est l’un des piliers). A ce niveau, il y a trois mots-clés : emplacement, volume, décor. En d’autres termes, ils sont en recherche permanente de bâtiments de caractère. On fait une étude historique, on transforme et on assemble. Et en bout de course, ne cherchez aucune standardisation, il y a une grande diversité des lieux, que ce soit pour les restaurants, les bars, les clubs, les salles événementielles…
Voyons comment le groupe Art Blanc traduit cela sur le terrain patrimonial à Bruxelles et alentours. Au niveau du patrimoine immatériel, c’est-à-dire principalement les restaurants, outre L’Amusoir, il faut citer le Grande Piazza, le Poncho, la Cocotte Belge, les Brasseries Georges et Chez Eddy. Et sur le plan du patrimoine matériel, qui nous concerne spécialement, il y a deux trésors de Bruxelles dont j’aimerais vous parler. Tout d’abord, à Ixelles, au numéro 18 de la Rue de Stassart, se trouve le Spirito (qui est fermé actuellement pour cause de travaux). En fait, il s’agit d’une ancienne église anglicane, intitulée au départ « Church of Resurrection », inaugurée le 23 octobre 1874 et abandonnée en 1958. Elle est inscrite à l’inventaire légal depuis le 19 août 2024. L’autre lieu, tout aussi exceptionnel, le Mirano, est situé à Saint-Josse au numéro 38 de la Chaussée de Louvain. Ce qui était, au début du 20e siècle, une « brasserie-cinéma-salle des fêtes », devint, en 1934, grâce à l’architecte René Ajoux, un cinéma, d’abord sous le nom de Casino de Saint-Josse, ensuite sous celui de Mirano. L’immeuble fut reconstruit en 1951 par le même architecte. La dernière séance, dans cette salle mythique de 600 places, eut lieu le 17 mai 1978. Après réaménagement, l’espace devint une discothèque branchée, le Mirano Continental, sous la patte, notamment, de Paul Sterck. La Ligue d’Impro y organisa ses mémorables tournois entre 1986 et 2000. Et c’est le 27 mars 1997 que la salle fut inscrite sur la liste de sauvegarde de la Région de Bruxelles-Capitale. Le Mirano Continental ferma ses portes en 2017 pour se réinventer en 2019 grâce aux frères Blanchart. Désormais, cet ancien temple du 7e art, parfaitement, restauré, fait à nouveau briller les nuits bruxelloises. Il ne tient qu’à vous de découvrir ce superbe vestige des cinémas bruxellois…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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