Le stade de l’Union fait la force… de l’Art Déco !
Comme vous le savez, cette année 2025 marque le centenaire de l’« Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes » qui s’est tenue à Paris en 1925. La Région de Bruxelles-Capitale, de par son patrimoine exceptionnel en la matière, contribue grandement à cette Année de l’Art Déco. Toutes les forces vives se mobilisent pour mettre en valeur ces trésors patrimoniaux. C’est ainsi que l’ARAU (www.arau.org) propose un large programme de visites dédiées à cette reconnaissance. Parmi celles-ci, il y aura bientôt la visite du quartier de l’Union à Forest. C’est l’occasion unique de découvrir le Stade Joseph Marien qui fait partie des rares stades Art Déco de Belgique. Cela vaut d’autant plus la peine de découvrir cette enceinte sportive que 2025 pourrait être aussi l’année du sacre de la Royale Union Saint-Gilloise, 90 ans après son dernier titre de Champion de Belgique de foot…
Selon l’ARAU, le quartier de l’Union à Forest, situé entre le Parc Duden et la Gare du Midi, fut en grande partie bâti durant l’Entre-deux-guerres. L’Art Déco y est omniprésent et se manifeste dans des typologies les plus diverses. Cela est particulièrement perceptible au niveau des usines. Parmi celles-ci, citons la fabrique de chaussures Frans et fils conçue par François Van Meulecom en 1929 et les brasseries Wielemans-Ceuppens imaginées par Adrien Blomme en 1930…
En réalité, le stade de l’Union Saint-Gilloise à la Chaussée de Bruxelles à Forest est antérieur à l’Art Déco puisque ses origines remontent à 1919 (sous l’appellation Stade du Parc Duden). Quatre ans plus tard, le club bruxellois en est déjà à son huitième titre de Champion de Belgique. L’engouement populaire est énorme au point que le Président Joseph Marien décide d’agrandir le stade et lance la construction d’une nouvelle tribune de plus ou moins 2.500 places. L’architecte Albert Callewaert et l’entrepreneur René Gillion sont ainsi désignés. La première pierre est posée le 3 mai 1926 et l’inauguration a lieu très vite, précisément le 29 août 1926, en la présence des plus hautes autorités, dont le Prince Charles (futur Régent du Royaume). La façade est de style Art Déco. Longue de plus de 100 mètres, elle est agrémentée de 7 panneaux sculptés par Oscar De Clerck. Et c’est en 1931 que le stade est rebaptisé Stade Joseph Marien en hommage à l’ancien président. Ajoutons que cette superbe tribune a été classée le 11 février 2010. Elle ne peut donc pas être détruite…
Aujourd’hui, il est question que la Royale Union Saint-Gilloise (fondée en 1897) construise un nouveau stade, notamment pour pouvoir disputer les Coupes d’Europe à domicile. Du point de vue opérationnel, ce projet est logique. Mais sur le plan historique, ce serait un sacrilège. L’identité de l’Union repose d’abord sur son stade mythique. Pour les vrais supporters unionistes, il n’est pas question de le quitter. Ce n’est sûrement pas François Bossemans qui dira le contraire. Et même son ami Auguste Coppenolle, pourtant fan inconditionnel du Daring, serait d’accord. Espérons que les partisans du Stade Joseph Marien seront suffisamment forts pour préserver les racines de leur club. Et s’ils doivent se réunir, je leur suggère de le faire dans les Galeries Royales Saint-Hubert au Théâtre du Vaudeville, là où fut créée, le 25 février 1938, la cultissime pièce de Paul Van Stalle et Joris d’Hanswyck, Bossemans et Coppenolle…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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