Le Château Tournay-Solvay, pépite de l’ANTE Festival
Fort du succès de son BANAD Festival (qui se tient chaque année au printemps), Explore.Brussels organise, en ce moment, l’ANTE Festival (www.ante.brussels). Cette programmation inédite met à l’honneur les trésors de l’architecture bruxelloise du « long XIXème » (de 1780 à 1920), soit plus d’un siècle d’évolutions, de transitions, de ruptures et de grandes expérimentations techniques ou stylistiques : néoclassicisme, éclectisme, néogothique, néo-Renaissance flamande… Grâce à ce nouveau rendez-vous, le calendrier annuel d’Explore.Brussels est désormais ponctué de 2 moments forts et complémentaires. Impossible ici de détailler toutes les visites proposées par l’ANTE Festival le week-end prochain (qui comprennent notamment celles de l’Ancienne Banque Brunner et de la maison de Constantin Meunier). Permettez-moi donc de me focaliser sur l’élément de ce programme qui a aiguisé ma curiosité, à savoir le Château Tournay-Solvay…
Alfred Solvay (1840-1894), bras droit de son frère Ernest, épousa en 1872 Marie Masson (1851-1917) dont il eut 3 enfants, Alice, Louis et Thérèse. C’est en 1881 qu’il fit construire une maison de campagne, à Watermael-Boitsfort, au Vijverberg, sur un terrain de 4 hectares. Les architectes Constant Bosmans (1851-1936) et Henri Vandeveld (1851-1929) érigèrent, à sa demande, un bâtiment de style néo-Renaissance flamande avec une alternance de pierres blanches et de briques rouges. Ensuite, vers 1890, Alfred agrandit sa propriété par l’achat de terrains limitrophes. Cela lui permit d’aménager son premier parc paysager. Hélas, il mourut prématurément en 1894 à l’âge de 53 ans.
En 1901, la veuve d’Alfred Solvay fit transformer la demeure principale par Jules Brunfaut (1852-1942) qui ajouta une tour carrée et une tourelle ronde, conférant à la bâtisse une vraie allure de château. Marie Solvay fit également réaménager le parc par le maître du nouveau jardin pittoresque, Jules Buyssens (1872-1958) en l’occurrence. Ce parc est tout simplement l’œuvre maîtresse de la propriété Tournay-Solvay. Ensuite, Thérèse Solvay (1879-1972), fille d’Alfred et Marie, et son époux, l’avocat Emile Tournay (1878-1958), prirent le relais. Après la disparition de son mari, en 1958, Thérèse habita le château jusqu’à sa mort, le 15 novembre 1972. En tout cas, elle fut la dernière personne à occuper les lieux. A la suite du décès de Thérèse Tournay-Solvay, la propriété fut vendue par ses héritiers à la société IMBRA (liée à l’Union Chimique Belge) qui souhaitait y construire un complexe futuriste à bureaux appelé à devenir le siège social d’UCB. Il y avait aussi un projet d’immeuble de logements. La commune et les riverains s’étant mobilisés pour sauver le parc, les 2 projets immobiliers ne purent être concrétisés. A partir de là, le château resta à l’abandon jusqu’en 1980…
En 1980, Cécile Goor-Eyben (1923-2024), alors Ministre des Affaires Bruxelloises au sein du Gouvernement Martens III, décida l’acquisition par l’Etat fédéral de la propriété Tournay-Solvay. Celle-ci passa ensuite à la Région de Bruxelles-Capitale (qui décida de faire du Parc Tournay-Solvay un parc régional). En réalité, le château, qui avait été incendié par des vandales, demeura à l’état de ruines pendant 4 décennies. Finalement, la Région décida de restaurer l’immeuble. Les travaux, entamés en 2022 sous la supervision du bureau de Francis Metzger, s’achevèrent en 2025. Désormais, c’est le BEL Center qui occupe les lieux. Précisément, ce centre interuniversitaire de recherche sur la physique théorique fait référence à 3 chercheurs belges de génie, Robert Brout, François Englert et Georges Lemaître. Concrètement, aujourd’hui, l’édifice propose des lieux de travail, des salles de réunion, des espaces de réception et de conférence. A découvrir le week-end prochain dans le cadre de l’ANTE Festival…
Paul Grosjean
Chroniqueur bruxellois
+32 477 336 322