Chronique n° 89 du 12 mai 2025

Léon XIII, qui inspire l’action de Léon XIV, séjourna trois ans au Sablon, entre 1843 et 1846, alors que, pas encore pape, il était le nonce apostolique du Vatican en Belgique (copyright : Shutterstock 1997983532) …

Habemus Papam… au Sablon !

En choisissant de s’appeler Léon XIV, le nouveau pape a remis au goût du jour Léon XIII auquel il se réfère désormais. Pour décrypter son action, il est dès lors important de connaître le parcours de ce Vincenzo Pecci (1810-1903) qui fut pape pendant 25 ans, de 1878 à 1903, sous le nom de Léon XIII. Il faut savoir notamment qu’avant d’être pape, celui-ci habita trois ans à Bruxelles, étant le nonce du Vatican en Belgique. Son séjour à la nonciature de la Rue des Sablons entre 1843 et 1846 fut peut-être déterminant. C’est à ce moment-là qu’il s’éveilla aux questions sociales. Quelques décennies plus tard, en 1891, alors qu’il était devenu pape, il édicta la fameuse encyclique Rerum Novarum. Pour les historiens, Léon XIII doit être considéré comme le père de la doctrine sociale de l’Eglise…

Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci est né le 2 mars 1810 à Carpineto Romano près de Rome (à l’époque intégrée au Premier Empire français). Appartenant à l’Ordre des Frères Mineurs de Saint-François, il fut ordonné prêtre le 31 décembre 1837. En 1843, à l’âge de 32 ans, il reçut l’ordination épiscopale. Il fut aussitôt envoyé en Belgique en tant que nonce apostolique. Le jeune diplomate entra alors en contact avec la Famille Royale de Belgique. C’est ainsi qu’il bénit le prince héritier, le futur Roi Léopold II. Durant ce séjour belge, le Comte Ferdinand de Meeûs, gouverneur de la Société Générale de Belgique, lui inculqua la nécessité, pour l’Eglise, de s’intéresser à l’industrie naissante et au monde ouvrier…

C’est en 1853 que Vincenzo Pecci devint cardinal et c’est le 20 février 1878, à l’âge de 67 ans, qu’il fut élu à la magistrature suprême de l’Eglise. Léon XIII a fréquemment été surnommé le pape de la modernité et de la réconciliation. Pendant tout son pontificat, il a souligné les affres du capitalisme, prenant la défense des travailleurs, réclamant à plusieurs reprises une rémunération digne pour tous. Son encyclique de 1891, Rerum Novarum, qui dénonçait la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce, a fondé la doctrine sociale de l’Eglise. Diplomate habile, Léon XIII a pu faire évoluer la manière dont les papes gouvernaient. Perçu comme un « internationaliste », il était un chef d’Etat à même de gagner la considération de l’opinion publique du monde entier…

Que devint la nonciature de la Rue des Sablons après le départ du nonce Pecci ? Vers 1860, l’immeuble fut acquis par Jean-André De Mot, cofondateur des Galeries Royales Saint-Hubert. Un de ses fils, Emile De Mot, avocat et bourgmestre de Bruxelles, y habita toute sa vie. Ensuite, le bâtiment fut loué à un marchand d’antiquités. En 2005, Willy d’Huysser et Anne Derasse se portèrent acquéreurs de l’édifice. Ils firent de lourds travaux de restauration afin de rendre à la bâtisse son lustre d’antan. Après la mort de Willy d’Huysser, en 2011, Anne Derasse poursuivit seule la rénovation. Ensuite, elle fut épaulée par son compagnon, l’artiste Jörg Bräuer. Ensemble, ils trouvèrent la force de redonner vie à cet espace chargé d’histoire. Aujourd’hui, périodiquement, l’Ancienne Nonciature s’ouvre au public à l’occasion d’expositions d’artistes contemporains. C’est ainsi qu’à la fin septembre, devrait se dérouler la prochaine expo, Arte Nunzio, coproduite avec la Galerie Frédérick Mouraux. N’hésitez donc pas à vous rendre à la Rue des Sablons au début de l’automne si vous souhaitez découvrir ces lieux qui ont inspiré le futur pape Léon XIII. Pour mieux comprendre Léon XIV…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

+32 477 336 322

paul@metropaul.brussels

www.tresorsdebruxelles.be